L’influence de Fellini sur l’oeuvre de Ruven Afanador
L’œuvre photographique de Ruven Afanador est spectaculaire. Il est l’auteur de 4 livres de photographie de grande qualité, autant au niveau de l’inspiration créatrice que de la qualité d’impression. D’origine hispanique, Afanador a puisé dans la force créatrice de Fellini pour alimenter son imaginaire. Par exemple, on retrouve dans l’œuvre d’Afanador des scènes inspirées de 8 ½. Au cours de notre rencontre, nous ferons un parallèle entre les deux créateurs tout en analysant l’œuvre de Ruven Afanador.
Ruven Afanador est un photographe de renommée internationale avec une imagination sans borne, une vision puissante et un sens profond de soi . D’origine hispanique, Afanador a puisé dans la force créatrice de Frederico Fellini pour alimenter son imaginaire onirique
Il est entre autres l’auteur de 4 livres de photographie de grande qualité, autant au niveau de l’inspiration créatrice que de la qualité d’impression.
Je me concentre pour cette discussion de scènes inspirées du film 8 ½ qu’on retrouve dans l’œuvre d’Afanador.
Ruven est un photographe de renommée internationale avec une imagination sans borne e une vision forte. Son travail se distingue par l’expression d’un classicisme opulent nuancé par un point de vue irrévérencieux.
Son langage visuel idiosyncrasique * s’inspire de l’émotion vive et du style somptueux de son héritage latino-américain, filtré par une élégance délicieusement inspiré d’une charge érotique singulière.
* manière d’être particulière à chaque individu qui l’amène à avoir tel type de réaction, de comportement qui lui est propre.
L’influence de Fellini
Frederico Fellini est né en 1920 à Rimini, un village au bord de l’Adriatique et décédé en 1993
Il a produit une filmographie riche et abondante, un mélange de fantaisie, d’imaginaire et de baroque. Il illustre une époque tourmentée avant la 2e guerre, avec le fascisme, le totalitarisme et le contrôle de Mussolini sur le peuple italien
On réfère à Fellini comme l’un des plus grands cinéastes de tous les temps
L’œuvre de Fellini s’inspire de la liberté, le sens de l’innovation, la rigueur et le noyau profond du désir, l’envoûtement, l’attraction physique, une caméra très mobile et des compositions audacieuses. Fellini rêve beaucoup et utilise ces rêves comme la source d’inspiration principale pour ses créations cinématographiques
La découverte de l’œuvre de Carl Jung a été marquante pour Fellini après sa période de néoréalisme italien (1950-1959). Après avoir rencontré le psychanalyste jungien Dr. Ernst Bernhard au début des années 1960, il a lu l’autobiographie de Jung, Memories, Dreams, Reflections (1963) et a expérimenté avec le LSD.
Bernhard a également recommandé que Fellini consulter le I Ching et de garder un registre de ses rêves. Le I Ching est un art de divination chinois millénaire, œuvre philosophique et religieuse. On y fait référence en français comme le livre des changements, le Yin & Yang qui a inspiré le Taoïsme, le bouddhisme et le confucianisme.
Ce que Frederico Fellini acceptait autrefois comme « ses perceptions extrasensorielles » était maintenant interprété comme des manifestations psychiques de l’inconscient.
L’accent mis par Bernhard sur la psychologie de la profondeur jungienne s’est avéré être la plus grande influence sur le style mature de Fellini et a marqué le tournant de son travail du néoréalisme au cinéma qui était principalement onirique.
Les idées séminales de Jung sur l’anima* et l’animosité**, le rôle des archétypes et de l’inconscient collectif ont directement influencé des films tels que 8 1/2 (1963), Juliette des esprits (1965), Fellini Satyricon (1969), Casanova (1976) et City of Women (1980).
* Anima: Chez C. G. Jung, archétype caractérisant la fraction féminine de l’âme du sujet, par opposition à animus.
** Animosité: Sentiment d’hostilité à l’égard de quelqu’un, qui pousse à lui vouloir du mal, à lui faire du tort ; antipathie, ressentiment
D’autres influences clés sur son travail incluent Luis Buuel, Charlie Chaplin, Sergei Eisenstein, Buster Keaton, Laurel et Hardy, les Marx Brothers, et Roberto Rossellini.
Scènes tirées de 8 ½
Jaqueline Bonbon a 26 ans
Saraghina danse le Rumba
Fanfare, scène de fermeture
Ruven Afanador
Ruven Afanador est né en Colombie en 1959 dans le haut plateau au-dessus du Rio de Oro. Il s’est imprégné dans son enfance de vieilles traditions et des rituels qui remplissaient la vie quotidienne de mystère et d’émerveillement.
Les cérémonies religieuses impliquaient le costumage méticuleux des saints et marquaient chaque fête, transformant les rues coloniales étroites en riches fêtes visuelles où les objets ordinaires acquéraient un sens symbolique. On présentait souvent des concours de beauté élaborés présentant les femmes avec une beauté délibérée et de charme intentionnel
À quatorze ans, Afanador s’installe aux États-Unis pour aller à l’école dans le Midwest, un endroit radicalement différent du monde magique de son enfance. Alors qu’il étudiait en art, il découvre la photographie. « Très tôt, j’ai su que la photographie serait la passion de ma vie », dit Afanador.
Avec cette passion, il transformerait la réalité ordinaire en splendeur captivante. Ou, comme il le dit lui-même, « …. dans ma façon de voir les choses ».
Il débute sa carrière à Washington, DC, obtient une reconnaissance rapidement comme photographe de mode au goût audacieux, ainsi que d’un portraitiste avec un œil original et inventif.
En 1987, il s’installe à Milan pour élargir sa vision, perfectionner ses compétences techniques et bâtir un portfolio.
Le manque d’espace de studio dans la ville italienne le force à développer des techniques pour photographier à l’extérieur, dans les ruelles et les rues, sur les marches des églises et des palais, incorporant des arrière-plans pour encadrer les images avec texture et profondeur, une approche très conceptuelle qu’Afanador utilise à ce jour.
C’est en Italie qu’il découvre le type de modèle qui allait devenir son prototype : intéressant plutôt que conventionnellement belle, au cou sculpté, les bras et le torse long, gracieux
C’est une forme que les peintres ont favorisée pendant des siècles : énigmatique et intemporel.
Il revient d’Italie en 1990 avec un portfolio impressionnant, s’installe à New York et attire l’attention des rédacteurs en chef des grands magazines.
L’oeuvre d’Afanador
Dans son vaste corpus de travaux, Afanador Afanador a créé un langage intensément personnel caractérisé par l’équilibre de l’émotion audacieuse et de la nuance délicate.
Les images expressives de ses livres et ses éditoriaux de mode révèlent des séquences oniriques extravagantes qui reflète l’imaginaire d’Afanador, toujours splendide, parfois espiègle, souvent décadente, le tout imprégné de formalisme classique.
Dans ses portraits, il perce infailliblement le masque soigneusement forgé de la persona de ses modèles pour exposer l’essence même de la personnalité profonde avec une certitude éloquente.
Dans un thème récurrent, il juxtapose une force masculine et une force féminine surprenantes pour remettre en question les définitions conventionnelles du genre et de la beauté avec une audace confiante.
Contribution aux magazines de mode :
- éditoriaux de mode distinctifs
- publicités emblématiques
- portraits de beautés intemporelles
- de puissantes figures masculines du mondes de l’art contemporain, de la littérature, de la musique et du cinéma
- portraits de célébrités les plus importants au monde
Quatre livres d’art exceptionnels
Torero, 2001
Dans son premier livre, Torero, un objet de collection parmi les connaisseurs de mode et de photographie. il présente des images en noir et blanc de matadors d’Espagne, du Mexique, de Colombie et du Pérou, en utilisant les conventions pour briser les stéréotypes masculins.
Sombra, 2004
Dans Sombra, son second, Afanador utilise des techniques photographiques du XIXe siècle dans une collection de nus masculins érotiques dans des poses inspirées par les gestes et le mouvement du ballet classique.
Mil Besos, 2009
Avec Mil Besos, Afanador célèbre les femmes du flamenco, les capturant dans des photographies surréalistes dans son inimitable noir et blanc, tordant une fois de plus les notions préconçues de la beauté.
Angel Gitano, 2014
Des danseurs de flameco, à la recherche d’émotion et de mouvement
Quelques Vidéos
Sur son site Web, Ruven Afanador présente 4 courts vidéos illustrant son style de travail. Il représente ses modèles dans l’environnment de prise d’image sous forme de vidéo illustrant le contexteet le style de mouvement
Voici le lien pour accéder au courts vidéos
David Halberg
Muse
Magnifique séquence visuelle avec Marisa Berenson, la muse de r[eve d’Afanador, en mouvement, avec gros plans sur le visage, à un age avancé, avec une référence au travail de Norman Parkingson et d‘Irving Penn avec la jeune modèle Berenson et ses photographies de nu
Angel
Mil Besos
Référence, Sarah Laird & Good Company
Le langage visuel de Ruven Afanador s’inspire d’une émotion à fleur de peau et d’un style somptueux tirés de son héritage latino-américain, filtrés par une élégance délicieusement maniée et marqués par une émotion érotique omniprésente.
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