L’héritage photographique de Philippe Halsman
Philippe Halsman (1906 – 1979) a passé sa vie de photographe à explorer l’importance et la signification d’un portrait. Il privilégie un visage au focus précis et avec un cadrage serré. Ses efforts techniques et créatifs ont laissé un héritage incontournable. Les années de collaboration avec Salvator Dali lui ont permis entre autres de développer une série de photos surréalistes spectaculaires du peintre et de nombreux portraits mémorables. Il a capté l’image d’Albert Einstein à titre de la « Personnalité du siècle ». La liste des grands noms de son époque pour lesquels il a produit un portrait distinctif est impressionnante. Sa fascination pour le portrait ne s’est jamais démentie : « Chaque visage que je vois semble cacher et parfois de manière fugace, révéler le mystère d’un autre être humain. Capter cette révélation est devenu le but et la passion de ma vie. » D’ailleurs, ses 6 règles pour produire une image originale demeurent une contribution incontournable pour la compréhension d’un portrait,
Recherche, écriture et présentation par Mike Grenier
Né en Lettonie en 1906, à Riga
Très jeune, il visite de grands musées avec ses parents, ce qui lui fait découvrir l’art.
Fait l’acquisition d’un appareil photo (familial) à 15 ans.
Études en ingénierie en Allemagne.
Son père est assassiné en Autriche, lors d’une randonnée. Halsman est accusé. (1928-1931)
Déménage en France
Il devient photographe indépendant pour des magazines. Il acquiert une réputation en tant que « meilleur photographe de célébrités ».
En 1934, il ouvre un studio de portrait à Montparnasse, où il photographie de nombreux artistes et écrivains célèbres, notamment André Gide, Marc Chagall, Le Corbusier et André Malraux, à l’aide d’un appareil photo reflex novateur qu’il a lui-même conçu.
Contrairement à l’habitude, il produit des images très nettes et cadrées très serrées.
Albert Einstein est un ami de la famille et aide Halsman à obtenir un visa
Deuxième guerre mondiale, il déménage aux États-Unis.
Il obtient ses premiers contrats aux US avec les produits de beauté Elizabeth Arden.
Campagne publicitaire pour un rouge à lèvres, avec le modèle Constance Ford.
Il rejoint vite le magazine Life.
Début d’une association avec le peintre Salvador Dali
1948 : la fameuse photo « Dali Atomicus ». Il produit de nombreuses images avec Dali, dont plusieurs sont très connues… In Voluptas Mors, entre autres.
Il continue son ouvrage de portraitiste en photographiant de grosses pointures de l’art. Il va faire 106 pages couvertures pour les revues Time et Life. Aucune personne ne peut se vanter d’en avoir fait autant!
Influences: Jumpologie
Halsman écrit : « Lorsque vous demandez à une personne de sauter, son attention est principalement dirigée sur l’acte de sauter et le masque tombe de sorte que la personne réelle apparaisse. »
Dès lors, à la fin de toutes ses séances photo organisées pour Life, Time ou Esquire, Philippe Halsman demanda à ses modèles de sauter. Il photographia ainsi de nombreuses célébrités comme Richard Nixon, Grace Kelly, Audrey Hepburn, Brigitte Bardot ou Marilyn Monroe qui ont été conquis par l’aspect ludique de la démarche. Pour lui, la seule contrainte était la hauteur de plafond.
Les 6 règles d’Halsman
Halsman est à l’origine de 6 règles permettant de produire des images originales. Voici comment il les présente:
1. L’approche directe. En étant simple et clair, on produit des images fortes.
2. La Technique spéciale. Il ne faut pas avoir peur de changer les règles techniques pour faire ressortir un sujet inintéressant. Par exemple, un éclairage inhabituel, un angle inhabituel, une composition inhabituelle, etc.
3. Fonctionnalité inhabituelle ajoutée. Rajouter un accessoire lors de la réalisation d’un portrait s’avèrera intéressant. Halsman donne l’exemple de la photo de Diane Arbus du petit garçon à la grenade.
4. La fonctionnalité manquante. Comment stimuler l’observateur en omettant un détail dans la photo qui va porter celui-ci à chercher, donc sera concentré sur l’image ?
5. Les caractéristiques composées. Ici, Halsman incite les artistes à combiner et jouer avec les 4 règles précédentes.
6. La méthode idéographique. Cela consiste à illustrer un message dans l’image, qui décrit le sujet le mieux possible.
Reconnaissance
Des trente années de carrière qu’il a connu aux États-Unis, il a participé à des reportages et autres, à tous les grands magazines de l’époque.
Il a rencontré plusieurs hommes d’états, scientifiques et artistes de renoms, comme peu l’ont fait.
Il est caractérisé par une approche légère et empreinte de joie de vivre, d’une grande imagination ainsi que par des prouesses techniques incroyables!
Halsman a commencé en 1941 une collaboration de trente-sept ans avec Salvador Dali, ce qui a abouti à une série de photographies inhabituelles, notamment «Dali Atomicus» et la série «Dali’s Moustache». Au début des années 50, Halsman a commencé à demander à ses sujets de sauter, devant son appareil photo, à la fin de chaque séance. Ces images particulièrement spirituelles et énergiques sont devenues un élément important de son héritage photographique.
En 1945, il fut élu premier président de l’American Society of Magazine Photographers (ASMP), où il mena la lutte pour la protection des droits des créateurs et des photographes professionnels.
En 1958, les collègues de Halsman le nommèrent l’un des dix plus grands photographes du monde.
De 1971 à 1976, il a enseigné à la New School un cours intitulé «Portrait psychologique».
En 1972, Halsman parle de sa fascination pour le visage humain. « Chaque visage que je vois semble cacher et parfois de manière fugace, révéler le mystère d’un autre être humain. Capturer cette révélation est devenu le but et la passion de ma vie. »
Équipement
Il semble que ce photographe ait surtout utilisé des appareils “TLR”, des reflex à deux lentilles. L’incontournable “Rolleiflex” et surtout, un appareil de sa confection, un genre de TLR géant.
À ce propos, Halsman déclare : « L’appareil photo que je me suis construit est une partie très importante de ma technique. Ma tête est recouverte par le drap de mise au point. Je regarde le sujet à travers l’objectif. Il arrive parfois que je ressente une nouvelle idée dans la chambre noire. Le processus de création ne se limite pas à la prise de vue, il se poursuit également à la réalisation de l’impression, car en changeant les valeurs tonales, vous pouvez changer l’ambiance. Ou insister sur la préparation que vous aviez initialement planifiée en studio. »
Il n’y a pas beaucoup d’information sur le matériel utilisé par Halsman. À force de chercher, j’ai trouvé des images qui permettent de se faire une bonne idée. Indiscutablement, il a utilisé des chambres, probablement 4×5. Mais ses appareils de prédilections étaient sans aucun doute les TLR. On le voit aussi utiliser un reflex Hasselblad alors qu’il semble être assez âgé.
No Comments