Marilyn Monroe devant les photographes
Plus d’un demi-siècle après sa mort tragique (1926 – 1962), la légende de Marilyn et ses images emblématiques continuent de circuler. Derrière cette “Marilyn Monroe” publique, la création d’Hollywood, il y avait une femme à la fois fragile et forte que quelques rares photographes parmi des centaines ont réussi à la comprendre. Voici une sélection de quelques-unes de ces images, des icônes de la beauté féminine. Notre discussion portera sur l’expression capté par des photographes émérites qui ont su immortaliser des aspects de la personnalité de Monroe, incluant Tom Kelly, Ben Ross, George Zimbel, Richard Avedon, Sam Shaw, Arnold Newman et Bern Stern, qui produit le célèbre “Last Sitting”. Chaque photographe avait sa propre sensitivité, des attentes et une relation unique avec Monroe. Ce qu’ils ont fait de ces rencontres est devenu une anthologie.
Marilyn Monroe: une vie tumultueuse
Né en 1926, passe d’une famille d’accueil à une autre. Apprends à se prendre en main rapidement.
5 étapes de sa vie:
- Long démarrage, modèle, petits rôles (1944–1949)
- Étoile montante (1953)
- Conflit entre la 20th Century-Fox et mariage avec Joe DiMaggio (1954–1955)
- Reconnaissance et mariage avec le dramaturge Arthur Miller (1956–1959)
- Déclin et difficultés personnelles (1960–1962)
En 1955, elle crée sa propre compagnie de production : Marilyn Monroe Productions (MMP)
Tom Kelly ( 1914 – 1984 ) , 1949, pin-up
Au début de sa carrière, Kelley a travaillé pour l’Associated Press à New York, où il a couvert l’enlèvement du fils de Lindbergh en 1932. Par la suite, il a travaillé pour le magazine Town and Country. En 1935, il s’installe en Californie, où il a photographié de nombreuses vedettes de cinéma, y compris Monroe. Après une longue carrière à Hollywood il s’est tourné vers la photographie commerciale. Kelley a pris les célèbres nues de Monroe, alors qu’elle était une actrice sans travail, posant sur une couverture de velour rouge vif. Elle a reçu un cachet de 50 $ pour cette session photo. Les photos ont été utilisées pour la production d’un calendrier et, plus tard, la couverture la première double page centrale de Playboy, publiée en décembre 1953. Marilyn n’a jamais rencontré Hugh Hefner, mais elle lui a permi de lancer son empire médiatique.
Ces photos ont eu un impact négatif sur la carrière de Monroe: par la suite, les studios devinrent très réticents à engager la comédienne pour jouer dans des rôles.
Photos de Kelly, incluant une photo de Hugh Hefner avec une copie du premire numéro de Playboy, en décembre 1953
Chanel No 5, 1952
Le parfum français Chanel n°5 a été le bénéficiaire de la meilleure publicité gratuite que n’importe quelle entreprise puisse rêver d’obtenir. En 1952, durant une interview, on demanda à Marilyn alors âgée de 23 ce qu’elle portait au lit. “Cinq gouttes de Chanel n°5,” répondit-elle. Un an plus tard durant des séances de tournage, une bouteille de l’élixir apparut à son chevet dans chaque plan, démontrant ainsi son affinité pour le parfum. Par la suite, un contrat publicitaire lucratif permit a Monroe de monétiser cette préférence. Faisant référence en 1960 à ce fameux commentaire, Marilyn rajouta : “Je ne veux pas dire nu,” dit-elle, “mais c’est la vérité.”
Ben Ross ( 1916 – 2004 ), 3 sessions: 1951, 1952 et 1953
À partir de 1948, Ben et son frère Sid ont travaillé ensemble sur des centaines de projets pour le magazine Parade. Dans ce contexte, et il a pris des photos de Monroe au cours de trois sessions différentes en 1951, 1952 et 1953. Le travail de Ross a également paru dans LOOK, People et Stern, ainsi que dans de nombreux livres. En 2002, il a reçu le Prix excellence du Photographic Administrators Incorporated (PAI).
George Zimbel ( 1929 – — ), 1954, Seven Year Itch
Zimbel est un photographe documentaire qui a travaillé durant durant le tournage du film ‘Seven Year Itch’. Le 15 septembre 1954, Marilyn Monroe se tenait sur une grille de métro à New York portant une robe blanche battue au vent par une brise venant du métro. Cette scène est devenu l’un des plus emblématiques de la production cinégraphique de Monroe. Le tournage a eu lieu durant la nuit à partir de 1h00 à New York, alors que des milliers de fans étaient sur place, à l’angle de Lexington Avenue et 52e Rue. Monroe se tenait au sommet d’une grille de métro et la séquence fut prise 14 fois en l’espace de 3 heures. Entre 2 000 et 5 000 spectateurs étaient sur place et réagissaient bruyamment à chaque fois que sa jupe se soulevait. Mais la version finale a été reprise en Californie. Malgré les 14 prises, l’équipage ne pouvait toujours pas obtenir la bonne scène, en partie à cause de l’incessant bruit créé par la foule de fans massés autour du plateau.
Le designer William Travilla a conçu cette robe blanche dans le style ‘wardrobe malfunction’. Bien que le concepteur n’a jamais prêté beaucoup attention à sa création (faisant référence à une occasion à “cette stupide petite robe”), il a réussi à la vendre aux enchères 2011 pour le montant de 4,6 millions de dollars.
Richard Avedon ( 1924 – 2004 ), 1957
Commentant une session de portraits avec Marilyn Monroe qui a eu lieu dans son studio en mai 1957, Richard Avedon a dit, “pendant des heures elle a dansé, chanté et flirté, son comportement typique “Marilyn Monroe”. Et puis il y a l’inévitable perte d’énergie. Et quand la nuit était finie, le vin blanc à sec et la danse terminée, elle s’est assise dans le coin comme un enfant, épuisée. Je l’ai vu assis en silence sans expression sur son visage, et j’ai marché vers elle, mais je n’aurais pas la photographier à son insu. Et comme je suis venu avec l’appareil photo, j’ai vu qu’elle n’a pas dit non.”
Une photo de Monroe by Avedon a été vendu aux enchères à Londre le 19 mai 2016 pour la somme de £77,500 ( son prix estimé était £50,000 ). Les critiques y font référence comme la photo la plus honnête de Monroe.
Sam Shaw ( 1912 – 1999) , 1958 A la plage Amagansett
À l’époque, Marilyn avait récemment mariés le dramaturge Arthur Miller et était à l’apogée de sa carrière, durant le tournage de The Prince and the Showgirl. Shaw a déclaré que cette série a peut-être été sa séquence de portraits la plus difficile, car il a été obligé d’être authentique avec Monroe. Pour cette session, il se rappelait comment il était difficile pour Marilyn de s’abandonner à un un état naturel et laisser court à sa spontanéité, le style photographique préféré de Sam Shaw.
Arnold Newman (1918 – 2006), 1962
Newman a capté des portraits célèbres de Monroe. Il a été cité disant qu’elle était “la femme la plus triste que j’ai jamais connue.” Newman a fait la couverture de Life et de Look.
Il a su capter une image de Monroe troublée, sensuelle, rarement vu dans le passé, quelques mois avant sa mort.
Bert Stern ( 1929 – 2013 ), 1962, The last sitting
Cette fameuse séquence de photos a été prises dans la suite 261 de l’Hotel Bel Air de Los Angeles, convertie en studio, durant 3 jours de production pour le compte de la revue Vogue en juillet 1962. Autodidacte, Stern était le photographe le mieux payé des États Unis à son époque, grâce entre autres à sa campagne publicitaire pour Smirnoff, malgré l’influence de la période de la guerre froide.
A l’age de 18 ans, à la vue d’une nature morte d’Irving Penn, Stern trouva son inspiration pour une carrière à la recherche de la beauté, la sensualité et l’érotisme. Pour lui, son rêve de capter la beauté de Marilyn la sex-symbol devint un fantasme secret qu’il réussi à réaliser.
Le jeune Stern réussi en trois jours à capter les multiples facettes d’une Marilyn que l’on avait rarement vue aussi engagée, détendue et collaboratrice. Quelques semaines plus tard, elle était morte d’une surdose d’alcool, de barbituriques et de somnifères. Pour le magazine Vogue, l’hommage pour la célébrité se transforma en un éloge funèbre de huit pages qui entra dans l’histoire de la photographie sous le titre de Marilyn’s Last Sitting.
Références
Bert Stern, 1962, The last sitting, Behind the scene
Bert Stern, 1962, The last pictures of Marilyn Monroe
Photographer Bert Stern Interviewed About His Marilyn Monroe Photographs
See Marilyn Monroe through the Eyes of 8 Famous Photographers par Jacqui Palumbo, Oct 2019
Francois Spenard
26 janvier 2018 at 9:30Un questionnement qui a ressorti lors de la présentation de Claude Gauthier : est-ce que les Brigite Bardo, les Madona, les Gagas et autres icônes de nos temps auront cette aura de rayonnement que Marilyn Monroe a eu et continue d’avoir ? Personnellement je ne le crois pas, je pense plutôt que Marylin est éternel, parce que justement a ne l’a pas vue vieillir (a cause de son suicide) et restera jeune pour toujours dans notre inconscient. Elle est devenue une déesse de nos temps moderne. Merci encore une fois Claude, superbe présentation.