David LaChapelle et Sergei Polunin: une rencontre improbable
Recherche et présentation: Claude Gauthier
Présenté au Groupe Photo de l’Anticafé le 18 janvier 2018
Le photographe David LaChapelle et le danseur Sergei Polunin ont créé ensemble le vidéo ‘Take me to church’, inspiré de la musique de Hoizier. Deux ans après avoir été choisi comme soliste principal au British Royal Ballet à l’age de 19 ans, Polunin démissionne avec fracas. Dix ans plus tôt, LaChapelle avait abandonné une carrière stellaire de photographe pour se retirer dans un environnement isolé. Nous allons analyser la facture photographique du vidéo, en illustrant le rôle ‘augmenté’ du photographe dans les médias modernes et l’importance d’établir un lien émotionel entre le photographe et son sujet.
David LaChapelle (Hartford, Connecticut 1963 — ) est un photographe commercial, photographe d’art, directeur de production de vidéo de musique et producteur de cinéma. Il est connu pour ses photographies qui parfois sont des allusions à l’histoire de l’art, la mythologie religieuse et incluent des messages sociaux contestataires. Son travail photographique a été décrit comme subversif hyper-réel ansi que kitch surréel et malicieux. On a fait référence à LaChapelle come le Fellini de la photographie. Il travaille pour des publications internationales et son oeuvre est exposé dans des galeries commerciales et des musés à travers le monde.
A l’age de 17 ans (1980), LaChapelle rencontra Andy Warhol (1928 -1987), qui le fit engager comme photographe pour le magazine Interview, en lui disant « Fais tout ce que tu veux, en autant que tu t’assures que tes personnages ont belle allure (everybody looks good) ». LaChapelle a contribuer à toutes les éditions d’Interview jusqu’à la mort de Warhol.
En 1995, LaChapelle produit la célèbre publicité pour Diesel ‘Kissing Sailors’. L’image est présentée comme la célébration de la paix après la 2e guerre mondiale. C’est l’une des premières publicités montrant un coupe gay ou lesbienne s’embrassant. L’image a été publié durant l’apogée du débat pour le service militaire ‘Don’t ask, Don’t tell’ aux États Unis
À l’apogée de sa production à partir du milieu des années 1990 jusqu’à 2005, la signature visuelle de LaChapelle est criardes et spectaculaire, belle et grotesque. Ses œuvres photographiques et vidéo présente un niveau élaborée ou son approche hyper-perfectionniste et son attention aux détails recréent la vision même d’une célébrité. Il cré une forme d’art nouvelle de ses sujets, une nouvelle forme artistique qui demeure aujourd’hui une source d’inspiration.
On réfère à LaChapelle comme le Fellini de la photographie, projettant ainsi sa vision surréaliste. Il trouve dans l’œuvre de Fellini des caractéristiques qu’il communique dans ses photographies comme la liberté dans la sexualité, l’humour, les références religieuses et l’ensemble du naratif visuel de ses images.
En 2006, il décide de quitter abruptement son monde de production et de s’isoler dans la forêt hawaïenne. Il se transforme en agriculteur autonome, sans l’aide de l’électricité. C’est ainsi qu’il laissa derrière lui toute sa production commerciale, pour retourner à ses sources d’inspiration originales.
Images composites de Michael Jackson
Grand projet artistique American Jesus
Production artistique post-2006
Artnet.com
Photographer David LaChapelle: ‘I never wanted to shoot another pop star – I was tortured by them’ 2017
David LaChapelle on Taking the Last Portrait of Andy Warhol
Un cas particulier de contestation de la propriété intélectuelle
Il s’agit d’un différend opposant un homme qui prend des photos de gens célèbres contre un autre qui utilise le visage de gens célèbres. En 2012, Arnold Klein, le chirurgien plasticien célèbre de Beverly Hills et connu comme “le dermatologue des vedettes” a accusé David LaChapelle, célèbre pour des portraits surréalistes de grandes vedettes, du vol de ses propres créations artistiques. Le photographe a confirmé être l’auteur des oeuvers d’art, une représentation de Michael Jackson comme Jésus le Christ, tout en insistant qu’il n’a brisé aucune loi de propriété intélectuelle.
La querelle entre les deux joueurs dans le monde des célébrités dura pendant plus d’un an, mais elle n’a été rendu public que récemment, lorsque le Los Angeles County District Attorney’s Office a décidé de ne pas porter des accusations criminelles contre LaChapelle.
Biographie du danseur Sergei Polunin
Naissance: 1989 en Ukraine
En 1996, s’installe à Kiev à l’age de 8 ans avec sa mère pour étudier à l’Institut de Choréographie National
En 2003, à l’âge de 13 ans, il est accepté à l’École de ballet royale britanique.
En 2009, à l’age de 19 ans, il devient le premier soliste au Ballet Royal, le plus jeune talent de tous les temps à obtenir un tel poste.
Deux ans plus tard, à la surprise de tous, le 24 janvier 2012, crouolant sur la pression, il annonce sa démission, indiquant que ‘l’artiste en lui était mourrant’.
Suite à cette décision innatendue, les portes des grands groupes de ballet de l’Europe et de l’Amérique se ferment. Il se replie vers la Russie pour rebatir sa notoriété, avec l’aide du directeur artistique Igor Zelensky. Au début d’avril 2013, la même situation se produit: il abandonne la production de Midnight Express quelques jours avant son inauguration.
En 2013, il rencontre son ami dancer et choréographe Jade Hali-Christofi pour discuter avec lui un projet de création dans lequel il annoncerait son retrait définitif de la dance. Il sentait son corps et son esprit usés et incapables de répondre aux exigences d’un entrainement rigoureus, de plus en plus difficile.
La rencontre improbable
En 2014 Polunin débute une collaboration avec le célèbre photographe américain David LaChapelle. Ensemble, ils concoivent et produisent le vidéo ‘Take me to church“, inspiré de la musique de Hoizier. Le vidéo est produit sur l’ile de Maui. Cette vidéo devient virale et propulse Polunin vers une notoriété mondiale.
A deux occasions au cours de sa courte carrière, Polunin a connu deux gestes d’éclat: Soliste principal à partir de 19 ans, il abandonne son poste après deux ans, avec un spectacle en cours de production. Il retrouve toutes les portes des grands ballets européens et américains fermées à double tour. Il doit s’exiler en Russie et rebâtir sa réputation. Il devient danseur principal de deux des plus grandes troupes de Mouscou. De nouveau, il abandonne les équipes de production quelques jours avant le lancement du spectacle ” Midnight Express”. Cette déchéance en partie causée par l’abus d’alcool et de drogue nous montre un artiste épuisé et a bout de ressource. Il a mentionné que son parcourt erratique est du au fait qu’il vivait le rêve de sa mère, et non ses propres rêves.
Il se retire du monde du ballet et à Los Angeles, il refélchi à une finale honorable pour sa carrière.
Dix ans plus tot, David LaChapelle avait présenté le même chant du cygne: au sommet d’une carrière prodigieuse, il se retire abruptement pour s’installer sur une ile sauvage de Hawaii, loin de tous. Il marque une coupure finale avec son travail de photographe commercial à succès. Quelques années plus tard, une gallerie d’art l’approche et le convaint de se lancer dans une production de photographies artistiques.
A travers une longue amitié avec Polunin, LaChapelle l’a photographié régulièrement. Il parle du danseur comme le sujet le plus inspirant qu’il a rencontré en raison des mouvements hyperdétaillés qu’il applique à son corps et de l’incroyable intensité avec laquelle il travaille.
Peu d’information a transpiré de la rencontre LaChapelle / Polunin pour la production de “Take me to church”. Cependant on peut fort bien imaginer qu’elle fut spectaculaire. Ce que l’on pourra dire de la création de “Take me to church” au cours de notre discussion sera peut-être indicatrice de la rencontre entre deux génies qui ont su s’inspirer l’un l’autre et se compléter.
2016: Take me to church Video produit par David LaChapelle, photographe et directeur de production. 22 millions de view sur YouTube
Photos de Polunin par LaChapelle
Références
2016: Documentaire Danseur, réalisé par Steven Cantor
Sergei Polunin, Ballet’s Superstar Gone Rogue, Is Ready to Seize the Stage Again by Diane Solway, 2017
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